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Entretien avec Timothée Minard – Les miracles dans la Bible

Virginie Lutete
  • Virginie Lutete
  • 30 Octobre 2023
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1. Courte présentation de Timothée Minard par Timothée Minard.

J’ai été pasteur de la Fédération Baptiste en France pendant une dizaine d’années, tout en poursuivant des études de théologie jusqu’au doctorat. De 2018 à 2023, j’ai vécu 5 ans à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Pendant ces années, j’ai consacré la plus grande partie de mon temps à enseigner à l’Institut Supérieur de Théologie Évangélique (ISTE). Je suis de retour en France depuis peu. Je suis marié à Delphine et nous sommes parents de deux ados.

2. Pourquoi avoir choisi d’écrire un livre sur les miracles présents dans la Bible ?

Pour être honnête, j’ai commencé à travailler sur la théologie biblique des miracles parce que la direction de l’ISTE me l’a demandé ! Comme la plupart des facultés de théologie, nous essayons de rester à l’écoute de ce que vivent les églises et des défis qui les traversent. Dans le contexte actuel, on constate une place grandissante donnée au « miraculeux » dans des mouvements proches du protestantisme évangélique. L’intérêt pour le miracle s’observe par exemple dans les cantiques évangéliques récents où l’on trouve de plus en plus de louanges au « Dieu des miracles ».

Dans ce contexte, il nous a paru pertinent de retourner au fondement solide de la foi : l’Écriture sainte. Quelle est la vision biblique du miracle ? Quel sens l’Écriture donne-t-elle aux miracles ?

J’ai ainsi eu le privilège de pouvoir dispenser à deux reprises un cours d’une trentaine d’heure sur la théologie biblique des miracles. En préparant ce cours, j’ai pu constater que cette approche était relativement inédite dans le contexte académique ! En effet, je n’ai trouvé aucun ouvrage de niveau académique traitant du sujet des miracles bibliques, dans l’ensemble de la Bible et dans une approche de théologie biblique. Ce manque de littérature m’a encouragé à approfondir mes recherches, au-delà des limites du cours. Et d’écrire le livre Les miracles dans la Bible.

3. Vous qualifiez les miracles de « panneaux de signalisation ». Pouvez-vous développer votre idée ?

Parmi les termes qui sont utilisés dans la Bible pour se référer aux miracles, on trouve des mots grecs et hébreux habituellement traduits par « signe ». Il s’agit d’un acte visible qui pointe vers une autre réalité, souvent invisible. Un peu comme un panneau indicateur qui « signale » la direction d’une ville que l’on ne voit pas encore. Tout le monde sait que l’importance des « panneaux de signalisation » ne réside pas dans le panneau lui-même, mais dans ce qu’il « signale ». De même, en présentant les miracles comme des signes, la Bible encourage à ne pas se focaliser sur le miracle lui-même mais sur ce qu’il « signifie ». Sinon, on risque de « tomber dans le panneau ».

C’est même un des points centraux de l’enseignement biblique sur les miracles : le miracle est avant tout un signe qui nous dit quelque chose de Dieu, de Jésus-Christ, de son salut, de son règne. Par conséquent, le livre Les miracles dans la Bible essaye d’attirer l’attention sur le « sens » que l’Écriture donne aux miracles.

4. Comment qualifierez-vous notre rapport aux miracles aujourd’hui ? Attendons-nous plus quelque chose de surnaturel et de spectaculaire que le miracle en soit ? Le miracle est-il forcément spectaculaire ? Si nous gardons l’exemple de la guérison présent au début de l’ouvrage, une guérison « ordinaire » n’est-elle pas un miracle ?

De tout temps, l’être humain est attiré par ce qui « sort de l’ordinaire », ce qui suscite l’émerveillement ou l’interrogation. Le miracle en tant qu’acte extraordinaire, « hors de portée » de l’être humain entre dans cette catégorie. Les évangiles indiquent que les miracles de Jésus attiraient les foules, suscitaient l’étonnement mais aussi créaient l’interrogation sur l’identité de Jésus. En Jean 6, par exemple, l’épisode de la multiplication des pains est introduit par ce constat : « une grande foule le suivait parce qu’elle observait les signes qu’il accomplissait sur les malades » (Jn 6.2).

Depuis un siècle et demi, notre monde a connu un développement technique fulgurant. Par exemple, il est devenu « ordinaire » de communiquer en son et en image avec des amis du bout du monde, à l’aide d’un simple petit appareil rectangulaire que l’on tient dans la main. En ce qui concerne la santé, la médecine moderne prévient et soigne de nombreuses maladies qui étaient autrefois incurables ; dans certains domaines la chirurgie fait aujourd’hui de « véritables miracles ». Néanmoins, notre génération doit aussi se rendre à l’évidence : la prétention humaine à la toute-puissance technique est une illusion. La réalité nous rappelle souvent douloureusement que nous ne maîtrisons pas grand-chose, à commencer par sa santé. Ce qui explique que notre génération reste attirée par des « incroyables talents » ou par des sportifs qui semblent repousser les limites du corps humain. Dans ce contexte, le miracle conserve une force d’attraction. Les miracles suscitent aussi l’espoir pour ceux dont la situation semble humainement « sans espoir ».

Quelles conséquences cela a-t-il pour l’Église d’aujourd’hui ? D’une part, j’ai la conviction que Dieu veut utiliser cette force d’attraction du miracle dans notre contexte. Jésus n’a pas repoussé les foules qui venaient à lui pour être guéries ou délivrées. En Jean 6, il va même multiplier les pains et les poissons pour nourrir la foule attirée par ses miracles. Néanmoins, et ce point est essentiel, Jésus va ensuite attirer l’attention sur le « sens » du « signe » qu’il a accompli : ces pains multipliés pointent vers celui lui qui est « le pain de vie qui descend du ciel » (Jn 6.30-59). Les signes miraculeux ne sont pas une fin en soi mais ils orientent les regards vers Jésus, le Christ, le Fils de Dieu qui est l’auteur d’un plus grand salut (voir Jean 20.30-31). Le récit de Jean 6 est réaliste : une fois les explications apportées, beaucoup parmi la foule ne sont plus attirés par Jésus. Nombreuse est la foule qui vient voir les miracles de Jésus (Jn 6.2), mais peu nombreux sont ceux qui « croient » réellement au point de suivre Jésus jusqu’au bout (Jn 6.64-66). Ce qui n’empêche pas Jésus de continuer à faire des miracles !

D’autre part, l’attrait actuel pour le miraculeux au sein de nos Églises doit mettre en garde contre un effet pervers : attention à ne pas négliger les grâces ordinaires de Dieu ! Le premier chapitre du livre montre comment certains Psaumes utilisent le vocabulaire du miracle pour se référer à l’action du Dieu créateur. La création de l’univers, la mise en place des lois de la nature, l’action providentielle de Dieu dans le maintien de la création, tout cela est bien « hors de portée » de l’être humain et, donc, d’une certaine manière, « miraculeux ». De même, au sein d’une humanité dont le corps subit les conséquences du péché, toute guérison est une grâce qui trouve son origine en Dieu, même lorsque cette guérison se fait « naturellement » grâce aux anticorps que le créateur a placé en nous. Toutes les œuvres de Dieu devraient nous pousser à l’adoration, pas seulement celles qui sortent de « l’ordinaire ».

5. En suivant l’exemple des Israélites dans le désert, ne sommes-nous pas prompts à oublier les miracles de Dieu dans nos vies ?

Il est certain que, depuis la chute, l’être humain a la mémoire défaillante. Y a-t-il une possibilité d’y remédier ? Premièrement, l’Écriture nous laisse un exemple : si les miracles ont été mis en récit, s’ils ont même fait l’objet de chants (dans les Psaumes), c’est probablement parce que cela aide l’être humain à se les remémorer. Il me semble donc judicieux de raconter les miracles de Dieu à notre entourage, nos enfants, nos petits-enfants ; de les célébrer aussi dans notre vie de prières.

Deuxièmement, la Bible nous montre que, si l’on veut que le miracle divin laisse une trace indélébile en nous, il est indispensable de chercher à comprendre la « signification » du miracle. Qu’est-ce que le miracle me dit de Dieu, de Jésus-Christ, de sa puissance, de son salut, de son règne ? Sans cette réflexion, une fois passé l’effet « waouh », on passera rapidement à autre chose. Mais si les témoignages de miracle sont accompagnés de la prédication de l’Évangile et que celle-ci amène les auditeurs à croire en Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, alors un événement bien plus extraordinaire et essentiel sera à jamais gravé dans notre mémoire : Jésus, mort et ressuscité pour notre salut.

6. Quel est le miracle qui vous émerveille le plus ?

Parmi les miracles bibliques, j’aime beaucoup le récit de la guérison de l’aveugle Bartimée en Marc 10.46-52. Ce récit est plein de paradoxes. Cet aveugle est en fait celui qui « voit » mieux que tout le monde : bien qu’il n’ait jamais vu Jésus, il le confesse comme « Fils de David », c’est-à-dire comme Messie. Alors que bien des contemporains de Jésus sont restés « aveugles » spirituellement, y compris certains des plus grands leaders et théologiens juifs de l’époque. Ce mendiant méprisé est aussi, d’une certaine manière, le premier des disciples : celui qui se lève sans hésiter, avec foi, et qui suit Jésus sur le chemin qui le mène à Jérusalem. Il n’a rien et laisse même son manteau derrière lui.

Quand je pense aux miracles contemporains, ce qui me touche le plus ce ne sont pas les guérisons miraculeuses que j’ai déjà pu observer, mais les vies radicalement transformées par l’Évangile. Un peu comme pour le récit de Bartimée : l’évangile montre que, en fin de compte, la foi de ce disciple de Jésus est un plus grand miracle que sa guérison.

7. Comment cet ouvrage vient nourrir ma vie de foi aujourd’hui ?

Mon premier but, en écrivant ce livre, était d’aider le lecteur à acquérir une « vue d’ensemble » de l’enseignement biblique sur les miracles. L’Écriture est la « parole de Dieu » qui vient « nourrir » l’être humain (Mt 4.4). Par conséquent, en se mettant à l’écoute de l’Écriture, on ne peut que « nourrir » sa vie de foi.

Comme je l’écris au tout début du livre, mon souhait était aussi de m’aligner avec l’objectif du « livre » rédigé par Jean. Comme il l’écrit à la fin de son évangile : « les signes miraculeux » qui « ont été mis par écrit dans ce livre » l’ont été « afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, en croyant, vous ayez la vie en son nom » (Jn 20.30-31). Mon espérance est que, à travers cette étude, le lecteur puisse approfondir sa connaissance de celui vers qui pointe les « signes » : « Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Et que cette connaissance puisse nourrir sa vie et sa foi. « Car la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17.3).

8. Pouvez-vous nous donner trois livres que vous appréciez particulièrement ?

Je dois être honnête : je lis beaucoup mais rarement par plaisir ou par loisir. Je vois davantage les livres comme des « outils » qui m’aident à mieux comprendre le monde, mais aussi et surtout qui m’aident à mieux comprendre la Parole de Dieu. Par conséquent, c’est avant tout par leur « utilité » que j’apprécie les livres.

Si je pense à mes lectures faites durant l’année écoulée, les livres suivants m’ont été particulièrement « utiles » :

Plus en lien avec mon ministère d’enseignement en théologie, deux livres que j’ai lus récemment m’ont apporté des éclairages stimulants sur le contexte « économique » du Nouveau Testament :

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