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Entretien avec Michel Sommer sur l’ouvrage de Tish Harrison Warren, Liturgie de la vie ordinaire

Virginie Lutete
  • Virginie Lutete
  • 18 Décembre 2023
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Cet entretien a été réalisé avec Michel Sommer suite à la proposition qu’il fait avec Gérard Hoareau d’une lecture commune en quatre soirée de l’ouvrage de Tish Harrison Warren, Liturgie de la vie ordinaire.

1. Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Michel Sommer, je suis marié avec Ruth et nous avons trois enfants adultes. J’enseigne au centre de formation du Bienenberg près de Bâle en Suisse. Je suis également aumônier à temps partiel à Mulhouse avec l’association Acces68 qui fait du travail social.

Gérard Hoareau avec son épouse Martine dirige le Château de Joudes Saint-Amour dans le département de l’Ain. C’est un lieu d’accueil où ils organisent des sessions de formations dans une perspective chrétienne. Gérard a longtemps été actif pour Vie et Famille en y donnant des formations pour les couples.

Ensemble nous avons découvert il y a quelques années que nous aimions ce livre de Tish Harrison Warren et c’est ce qui nous a incités à proposer l’activité dont nous allons parler plus loin. 

Pouvez-vous définir le mot « liturgie » ?

Tout d’abord un peu d’étymologie. Le mot « liturgie » vient du grec et est composé de deux mots qui veulent dire : « l’action/le service du peuple ». Ce terme est davantage utilisé dans les Églises protestantes historiques, anglicanes et catholiques, que dans les Églises évangéliques, pour décrire les pratiques, les rituels de l’Église quand elle se réunit comme peuple et qu’elle célèbre Dieu. Même si on emploie moins ce mot dans les Églises évangéliques, nous avons quand même nos liturgies, nos habitudes et nos pratiques quant à la manière de célébrer Dieu. Ce mot, bien qu’inhabituel, ne devrait pas nous faire peur. C’est un mot comme un autre même s’il peut paraître poussiéreux. On peut le remplacer par « déroulement » d’un culte.

Dans le livre Liturgie de la vie ordinaire il est employé dans ce sens-là, mais il est aussi utilisé pour décrire notre vie quotidienne. Pour faire cela, Tish H. Warren décrit une journée du lever au coucher. Selon elle, notre vie quotidienne est aussi marquée par une liturgie, une manière de vivre et elle compare le déroulement d’un culte avec le déroulement d’une journée.

En quoi est-ce bien d’avoir des habitudes ?

C’est bien d’avoir de bonnes habitudes plutôt que de mauvaises. Je pense que l’autrice essaye de montrer que les habitudes révèlent qui nous sommes, où nous mettons nos priorités, ce qui est important. Elle montre aussi que les habitudes nous façonnent. Dans le chapitre 2, elle raconte qu’elle avait l’habitude, comme premier réflexe au réveil de consulter son smartphone, elle a vu ce que ça lui faisait et elle a pris conscience de ce que représente cette priorité au réveil. Elle a choisi d’abandonner cette pratique et de la remplacer par un petit temps de calme, juste assise sur son lit. Même si ce n’est pas très long, c’est une pratique qui change les priorités et permet d’entrer dans la suite de la journée dans une autre disposition.

Je crois que, comme évangélique, on se méfie souvent des habitudes et on pense souvent que c’est monotone ou que ça manque de conscience et de spontanéité. Ici l’autrice essaye de montrer que le répétitif dans nos vies quotidiennes et à l’Église, surtout si ce sont de bonnes pratiques, nous aide à être des disciples du Christ plus en profondeur. Les bonnes habitudes régulières nous imprègnent et peuvent peu à peu nous transformer de l’intérieur.

Vivons-nous la liturgie aussi dans notre corps (exemple du chapitre « Se brosser les dents ») ?

L’autrice fait un parallèle entre se brosser les dents et être dans un corps. Elle fait également le lien avec ce qu’il se passe dans le culte de l’Église où nos corps sont aussi sollicités. Elle nous rend ainsi sensibles à quelque chose auquel nous ne pensons pas toujours : le culte de l’Église est une activité à laquelle on est présent avec nos corps ; lorsque nous levons les mains et les bras pour célébrer Dieu, c’est notre corps qui exprime quelque chose, de même lorsque nous mangeons le repas du Seigneur, etc. Dans d’autres traditions que celle de l’autrice, qui est pasteure anglicane, les corps sont peut-être moins sollicités. Dans nos Églises évangéliques aussi le corps est sollicité, mais nous n’en avons pas toujours conscience.

J’aimerais dire que le corps est important parce que Dieu a voulu l’être humain dans des corps et au commencement il a dit que cela était bon. Et puis Jésus le Christ est venu dans un corps, il n’était pas un pur esprit. Cela nous montre l’importance du corps pour être devant Dieu et avec Dieu. On peut aussi penser au texte de l’apôtre Paul : « votre corps est le temple du Saint Esprit ». Et il y a là quelque chose à explorer aussi avec le livre.

Comment faire entrer Dieu dans mon quotidien ?

Je pense que Dieu, le Seigneur, est là tout le temps, c’est nous qui sommes absents. Ce livre est une aide pour être un peu plus conscient de cette présence de Dieu dans l’ordinaire de notre quotidien. Cela passe par une prise de conscience plus grande que Dieu est là, à chaque instant. Une manière de regarder nos vies, notre quotidien, nos activités répétitives, notre travail, etc. Il me semble que le livre peut contribuer à cette prise de conscience et à ce regard.

Pourquoi un petit accro dans notre programme devient l’apocalypse ? Qu’est-ce que ça révèle sur nous et notre cœur ? Comment y remédier ?

Je vais dire deux choses ici. La première vient de l’autrice qui dit que pour elle, ça révèle le fait qu’on est, dans nos pays occidentaux, très (trop) habitués à un certain confort, à une certaine facilité. On pourrait dire que nous sommes dans des sociétés du contrôle, où on maîtrise beaucoup de choses, ce qui a de bons côtés, mais du coup on peut être quasiment dépendant de ce monde où tout est réglé. Les écarts révèlent notre addiction à cet ordonnancement de nos journées, de notre travail. Il y a une forme d’idolâtrie de la facilité. J’ajouterais deuxièmement que ça révèle également une sorte de volonté de contrôle sur tout, une toute-puissance sur les évènements et peut-être parfois sur les personnes.

Et comment y remédier ? Peut-être dans ces moments-là arriver à se tourner vers Dieu, à recevoir sa grâce et son pardon, et à demander pardon. Il faut également essayer de vivre une forme de lâcher prise. Dans les Églises mennonites auxquelles j’appartiens, notre tradition a recours à un mot allemand qui vient du passé : « Gelassenheit » qui pourrait se traduire par « sérénité », « laisser aller », et par rapport à Dieu une confiance qui vient prendre la place de ces énervements. Je pense que ça passe d’abord par l’accueil de la grâce de Dieu pour avoir ensuite une attitude plus détendue.

Quel point de l’ouvrage Liturgie de la vie ordinaire vous a le plus interpelé ?

Je crois que c’est l’idée de voir dans le plus ordinaire de la vie quotidienne, le lieu de la grâce de Dieu. C’est tout le livre qui fait cela, mais Tish H. Warren l’accentue tellement avec des exemples choquants, voire crus. Dans le plus ordinaire, dans ce qui nous gêne un peu, Dieu n’est pas absent. Elle pousse l’idée vraiment loin avec l’exemple de la prière juive : « Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l’univers, qui a formé l’homme avec sagesse et as créé en lui de nombreux orifices et de nombreuses cavités. Il est patent et su devant le Trône de ta Gloire que si l’un d’entre eux s’ouvrait ou que l’un d’entre eux se bouchait, il serait impossible de se tenir devant toi. Béni sois-tu, Seigneur, qui guéris toute faire et fais des merveilles. »

Vous proposez quatre soirées pour lire et discuter ensemble de l’ouvrage de Tish Harrison Warren Liturgie de la vie ordinaire. Pourquoi proposer cela ?

La première raison, c’est l’idée que lire un livre écrit par un chrétien c’est une bonne idée. Ça peut encourager et stimuler notre foi et notre vie chrétienne.

La deuxième idée, c’est que lire un livre ensemble peut être d’une grande aide. Il me semble qu’aujourd’hui certaines personnes ont de la difficulté à lire tout un livre, à s’asseoir et à lire durablement. On a l’impression d’être passif contrairement à la stimulation des écrans. Je vois et j’entends des personnes pour qui lire tout un livre c’est compliqué. La formule consistant à lire chez soi par chapitre et avoir des rendez-vous communs pour échanger peut être une aide et donner un peu de structure pour arriver au bout du livre. Avoir des rencontres permet d’échanger sur ce qu’on a lu et de mieux comprendre. Je vois aussi parmi les chrétiens que, parfois, lire un livre n’est pas toujours suivi d’une réelle appropriation, car on y projette ce qu’on connaît et ce qu’on croit déjà. Il faut nous mettre davantage à l’écoute de ce que l’auteur dit pour en tirer un bénéfice. On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout ce qui est dit sans que ce soit un problème.

Enfin, nous proposons cette activité pour la qualité du livre et de son contenu quelque peu original pour les Églises évangéliques. De plus, je trouve que Tish a une bonne écriture, facile et agréable à lire. Et puis il y a de l’humour, la première fois que j’ai lu ce livre j’ai beaucoup ri.

Comment vont se dérouler de manière pratique ces soirées ?

Il y aura, dès la deuxième soirée, un petit retour sur la mise en pratique à partir des premiers chapitres lus. En effet, il y a à la fin du livre des questions de réflexion et de mise en pratique. Puis la soirée se poursuivra avec un résumé des chapitres lus et des échanges en petits groupes. Il y aura des courts exposés de Gérard ou de moi [Michel] sur certains aspects des chapitres pour les développer. Pour finir, on retournera dans des petits groupes pour échanger sur des questions pour bien comprendre ce que nous aurons lu avec une mise en commun et une conclusion. Les soirées seront donc une alternance entre des temps en commun et des temps en petits groupes.

Comment s’y inscrire ?

Il faut aller sur le site du Bienenberg. Simplement remplir le formulaire d’inscription. Je rends attentif au fait qu’il faudra avoir acheté le livre en amont pour pouvoir lire les chapitres demandés avant la première soirée.

Pourquoi les personnes devraient y participer ?

À cause du contenu du livre. Tish réussit à faire le lien entre la spiritualité, l’éthique et le culte de l’Église. Au niveau de la spiritualité, elle décrit une forme de relation avec Dieu qui se vit dans l’ordinaire de nos vies. Cette manière de vivre la relation avec Dieu par et dans ce quotidien est quelque peu originale et elle peut renouveler notre relation avec Dieu. On peut parler d’une spiritualité incarnationnelle. Mais elle parle aussi de l’éthique, c’est-à-dire du comportement auquel les chrétiens sont appelés. Elle le fait par le biais des pratiques et des habitudes, comme on l’a évoqué, en montrant comment de bonnes habitudes peuvent être formatrices pour le comportement que Dieu souhaite pour nous, marqués par l’acquisition de vertus. Elle fait ce lien entre la relation avec Dieu dans l’ordinaire et notre manière d’agir et d’être dans cet ordinaire. Et puis le troisième aspect, c’est le culte de l’Église puisque chaque pratique qu’elle décrit (se réveiller, faire son lit, se brosser les dents, etc.) est reliée à une pratique ecclésiale. C’est intéressant de développer cet aspect pour éviter de déconnecter ce qu’on fait le dimanche du reste de nos vies. Ça vient aussi questionner ce qu’on fait dans nos cultes. Tish H. Warren se situe dans la tradition anglicane avec une liturgie plus formelle que celle que nous pouvons avoir dans nos cultes évangéliques, mais ça vient quand même questionner la forme de nos cultes et nos habitudes : le contenu et le déroulement de nos cultes ne nous apprennent-ils pas à être davantage des disciples du Christ ? En mettant en lien spiritualité, éthique et culte de l’Église, je trouve qu’elle propose une manière très stimulante de (re)visiter différentes facettes de notre vie de chrétiens et de chrétiennes.

Pour finir, je vous encourage à ne pas manquer de lire la préface.

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