S’il n’est pas donné à tout le monde de faire rire, il est donné à une très petite – oserais-je le dire – élite, de faire rire dans le mensuel mennonite Christ Seul. L’exercice est risqué. Car il faut y faire rire solennellement. Il faut faire rire proprement. En somme, il faut faire rire très sérieusement. Si l’on arrive à arracher au lecteur un sourire à une ligne, il est très possible que, la ligne d’après, il ne rie plus du tout.

Depuis plus de 20 ans donc, Jean-Claude Muller risque la lapidation virtuelle mois après mois en accomplissant sa dangereuse mission. Jamais en manque d’inspiration, inlassablement, il traque le trait de caractère, la manie, le travers, l’humanité, en somme, de ses coreligionnaires. Toutes ces imperfections de pauvres pécheurs réunies lui servent à façonner avec art le panthéon de ses chroniques, par petites touches ciselées, car ce sculpteur de nos défauts dispose pour cette tâche ardue de deux qualités essentielles qui ne l’ont jamais quitté : le demi-sourire et l’œil qui frise, ceux de l’observateur qui ne souhaite se moquer de personne, mais sait s’amuser de tous.

Samuel Goldschmidt, journaliste à RTL, complice de J.-C. Muller dans Christ Seul

Né en 1938 à Herbéviller en Lorraine, destiné à ensemencer la terre, mais ayant eu la possibilité de continuer ses études, Jean-Claude Muller est devenu semeur de connaissances. Dès 1962, à son retour d’Algérie, il a enseigné les matières scientifiques et le sport en collège. En 1967, il a épousé Liliane Widmer ; le couple a trois enfants et huit petits-enfants. La retraite venue, en 1998, il a quitté le duché de Lorraine pour devenir sujet des princes de Montbéliard. Il a vécu toutes les mutations des communautés mennonites des dernières décennies.